
La solitude du nombre
De même que Cézanne est ancré dans les lumières du sud, Chris Poidevin a les siennes, omniprésentes, rivées au Nord. Formée aux Beaux-Arts de Calais, dont elle est originaire, Chris Poidevin s’approprie les paysages des landes et des marais du Calaisis : ses racines se lisent derrière chacune de ses toiles. Nous ne sommes plus dans un travail de représentation figée, quelque chose qui se contenterait d’exposer une froide esthétique personnelle, mais dans un expressionnisme flamboyant magnifié par son choix de grands formats. En quelques années, elle est devenue une fresquiste recherchée pour son aisance et son inspiration. Dans cette peinture, les ciels infinis du Calaisis où azur et terre se mélangent ne sont pas seulement couleur et mouvement, mais dialogue avec l’Immensité, l’Éternité. Ce sont des entités avec lesquelles il convient de composer sous peine de se voir repousser par les éléments. Elle témoigne pareillement du monde terrestre avec ses portraits de foule. La couleur est l’essence du message d’anonymat exprimé par ses simples formes esquissées en aplats de couleur, comme une souffrance qui voudrait occulter son nom. Nous sommes dans la multitude, au milieu de gens qui se frôlent, ne se rencontrent pas, ne se voient pas, ne se tendent pas la main.
Chris Poidevin d’aprés Alain Coudert (Arts Actualités Magazine)